City night, 1926
New-York.
Georgia O’Keeffe, la figure majeure du modernisme américain au XXe siècle ! Inspirée de la photographie et du paysage américain, Georgia O’Keeffe crée des œuvres à la frontière de l’abstraction, qui célèbrent les États-Unis.
LeZ’ArTs vous propose un retour sur cette femme artiste précisionniste, emblématique de l’Histoire de l’Art américain !
Georgia O’Keeffe photographiée par Alfred Stieglitz,, 1918, platinotype, 24,5 × 20,1 cm, Art Institute of Chicago. Alfred Stieglitz Collection – © Georgia O’KeeffeMuseum
Elle trouve sa voie et s’adonne à la peinture à l’huile, délaissant l’aquarelle, s’inspirant de formes naturelles observées de près.
Elle s’intéresse également aux immeubles de New York. Ses thèmes de prédilection sont le paysage urbain et les gratte-ciel, ainsi que les gros plans de fleurs traités à la limite de l’abstraction. Fenêtre sur le lac George, en 1929, préfigure les futures recherches minimalistes de l’art américain. Stieglitz organise plusieurs expositions qui font bientôt de Georgia O’Keefe une des artistes les plus connues durant les années 1920.
Rue de New York avec la lune, 1925, huile sur toile (122 × 77 cm), Collection Carmen Thyssen
Georgia O’Keeffe surgit à New York au début du vingtième siècle, armée par une démarche déjà singulière, informée de l’art de son temps, mais libre dans son expression comme dans sa vie, sa forte personnalité, à une période où l’indépendance des femmes était mal acceptée, fascine immédiatement.
Shelton with Sunspots, 1926
Si elle fut d’abord découverte à travers les photos libres, amoureuses, brulantes qu’en fit George Stieglitz, lui aussi un des géant de l’invention de la modernité aux Etats-Unis au début du siècle, la peinture de Georgia O’Keeffe, singulière, autonome, s’imposa immédiatement. Elle est engagée, militante, et surtout indépendante, part au Nouveau-Mexique, vécue depuis de nombreuses années comme une nouvelle arcadie par les artistes et écrivains et y construit un personnage et une œuvre qui dit, en toute liberté, la puissance de la couleur, l’importance de la peinture pour dire les forces du monde qui sont dans les fleurs, les canyons et en nous- mêmes.
New-York Radiotor building, 1927
Devenue une icône de la modernité américaine, photographiée par les plus grands, ou peinte par Andy Warhol.
Manhattan 1932
Autumn Leaves – Lake George, N.Y., 1924
Nouveau Mexique.
Georgia O’Keeffe consacre ses étés à l’exploration des terres arides du nord de Santa Fe, jusqu’à sa découverte du Ghost Ranch en 1934. Elle loue d’abord une maisonnette dans ce ranch . Elle leur achètera un lopin de terre et une maison six ans plus tard !
« C’est ma montagne privée »déclare Georgia O’Keeffe qui trouve les vues sur les paysages qui l’entourent irrésistibles: « Toutes les couleurs terre de la palette du peintre sont là ».
Elle représentera le Cerro Pedernal, visible depuis le patio de sa maison, vingt-quatre fois.
L’artiste voue à cet ancien volcan la même passion que Cézanne au mont Sainte-Victoire – ses cendres y seront d’ailleurs dispersées après sa mort. « C’est ma montagne privée », s’amuse-t-elle, « Dieu m’a dit que si je la peignais suffisamment, elle m’appartiendrait. »
O’Keeffe est également fascinée par les falaises orange et jaune des collines qui s’élèvent au dos de sa propriété, et inspireront elles aussi nombre de ses œuvres.
Pelvis with the distance, Georgia O’Keeffe, 1943
Voici ce qu’elle disait en 1942 : “Un endroit si beau, si intact et si solitaire, une si belle partie de ce que j’appelle le ‘Faraway’.”
Après Ghos Ranch, Georgia O’Keeffe jette son dévolu sur une ruine du XVIIIe siècle tournée vers la nature. Malheureusement, cette résidence au cœur du désert n’est pas habitable à l’année : l’eau manque et il est impossible d’y cultiver quoi que ce soit.
O’Keeffe cherche activement un autre terrain à Abiquiú, à quelques kilomètres de là, et tombe amoureuse d’une ruine datant du XVIIIe siècle. Sis au sommet d’une mesa (ou plateau), le lot de près de deux hectares offre une vue plongeante sur la vallée du Rio Chama, tout en procurant à l’artiste la proximité confortable d’un village. O’Keeffe est séduite par la maison en pisé quand elle en découvre le patio parmi les ruines. La cour intérieure abrite un puits lui donnant accès à l’eau, ressource précieuse et rare qui lui permettra de créer un jardin potager, suffisamment grand pour assurer sa subsistance et celle de ses visiteurs.
Ram’s Head, White Hollyhoch-ill, 1935, © Georgia O’Keeffe Museum / Adagp, Paris, 2021
Cow’s Skull, Red, White and Blue, 1931, huile sur toile, 101,3 × 91,1 cm, Alfred Stieglitz Collection, 1952, New York, Metropolitan Museum of Art, © Georgia O’Keeffe Museum / ADAGP, Paris, Photo © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA
L’art de Georgia O’Keeffe qui est basé sur une observation fine de la nature a profondément marqué l’art moderne en se positionnant à l’écart des courants artistiques existants au XXe siècle.
Black Mesa Landscape New Mexico 1930
En s’éloignant du bouillonnement artistique new-yorkais et de l’influence autoritaire de son époux, Georgia O’Keeffe découvre la grandeur et le dépouillement des paysages du Nouveau-Mexique. La révélation du désert sera autant artistique que spirituelle.
« À la minute où je suis arrivée ici, j’ai su que c’était là que j’allais vivre », confia Georgia O’Keeffe lorsqu’elle posa le premier pas en juillet 1934 à Ghost Ranch, au Nouveau-Mexique.
Crâne de cheval avec rose blanche
White and brown cliffs, 1965
Dans les quelque soixante années qu’elle passera là, elle tentera surtout de cerner ces paysages. Seuls les formes des os blanchis au soleil apparaissent nets. Ou alors, c’est le contour d’une porte ou d’une maison en adobe. Le reste est une variation de bruns et de blancs, de formes liquéfiées par la lumière, d’aplats ponctués de tâches et de failles.
Bear Lake, New Mexico
Georgia O’Keeffe, Pink Hills, 1937, huile sur toile, 9 x 14 pouces, avec l’aimable autorisation du Herbert F. Johnson Museum of Art, Cornell University, Dr. and Mrs. Milton Lurie Kramer, Class of 1936, Collection; Legs de Helen Kroll Kramer, © 2021 Georgia O’Keeffe Museum / Artists
Elle combine les crânes de bêtes trouvés dans le désert et les paysages qui retrouvent la beauté de certaines estampes japonaises. La lumière se fait vaporeuse et brillante. Georgia O’Keeffe découvre la beauté d’un ciel moutonneux vu d’avion. Parfois un orage menace au lointain. Parfois, ses tableaux retrouvent l’abstraction.
Collines rouges, lac George, 1927
Une peinture méditative qu’elle pratiqua jusqu’à sa mort à 99 ans, à Santé Fé, aux portes du désert.
From the Lake, 1924
Des fleurs à la frontière de l’abstraction.
Georgia O’Keeffe est surtout célèbre pour ses représentations de fleurs !
Ses illustrations florales rompent avec la tradition européenne de nature morte. En effet, l’artiste représente de manière monumentale, en très gros plan, toutes sortes de fleurs : pavots, camélia, tournesol, ipomée, iris, arum, orchidée, lys…..
Photographe : Alfred Stieglitz
L’artiste explique :
« Quand vous prenez une fleur dans votre main et que vous l’observez vraiment, elle devient votre monde pour un instant. Ce monde, je voulais le donner à quelqu’un d’autre. »
Red, Yellow and Black Streak, 1924, huile sur toile, 101,3 ×81,3 cm, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris. – Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP© Centre Pompidou, MNAM-CCI
Grey, Blue and Black – Pink Circle, 1929, huile sur toile, 91,4 × 121,9 cm – Gift of The Georgia O’Keeffe Foundation, Courtesy Dallas Museum of Art
Dans certaines toiles, les gros plans sont tellement rapprochés que les peintures se trouvent à la limite de l’abstraction. Le spectateur a besoin d’un temps d’observation pour comprendre qu’il s’agit d’une fleur.
Oriental Poppies, 1927
Cette façon d’illustrer ces fleurs en très gros plan est également issue de l’influence de la photographie dans ses pratiques artistiques. L’artiste s’inspire de l’effet « Blow Up » en photographie : cette technique consiste en l’agrandissement d’une image.
White Iris No.7, 1957, huile sur toile, 102×75,2 cm
Black iris, 1936
Jimson Weed / White Flower No.1, 1932, huile sur toile, 121.90 x 101.60 cm
Series I – No. 3, 1918, huile sur panneau, 50,8×40,6 cm
Ainsi, les fleurs de Georgia O’Keeffe ne ressemblent à aucune fleur que nous avons l’habitude de voir en peinture, comme dans une nature morte par exemple. Autrement dit, l’artiste nous offre à voir uniquement la fleur, qui occupe la totalité de la toile.
Jack-in-the-Pulpit No. IV, 1930, huile sur toile, 101,6×76,2 cm
Vous vous en doutez bien, lorsque ces toiles immenses de fleurs ont été exposées aux yeux du public, elles ont choqué, perturbé et questionné plus d’un critique ! Face à ces œuvres, les critiques d’art ont immédiatement effectué une analogie formelle. Ils ont vu au travers de ses toiles une dimension érotique, et plus précisément la représentation de sexes féminins.
Mais Georgia O’Keeffe a toujours nié cette interprétation, et expliqué que son intention n’était pas de créer des œuvres qui feraient une allusion à la sexualité féminine. Cette interprétation érotique l’a d’ailleurs beaucoup vexée.
Pourtant, nombre de critiques continuent encore aujourd’hui d’interpréter ses œuvres de cette façon-là.
Série White and Blue Flower Shapes, 1919.
Georgia O’Keeffe, 1918, photographe : Alfred Stieglitz
Georgia O’Keeffe a été une battante, voici comment on pourrait définir l’artiste américaine. Passé ses 90 bougies, sa santé commence à lui faire défaut. Elle est décédée à 98 ans.
Un musée consacré à l’artiste a ouvert ses portes aux USA en 1997: le Georgia O’Keeffe Museum a été inauguré à Santa Fe 11 ans après sa mort.
Oh !
J’adore New-York et ses fleurs…
Belle soirée le duo amoureux
l’exposition au Centre Georges Pompidou était un ravissement pour les yeux et une découverte de ma peintre adorée pour mon chéri ,adorée en tant que femme , son parcours , son amour pour son mari qui l’a trompée et qui l’a conduit à partir au Nouveau Mexique après une grosse dépression et ses peintures , si modernes pour son époque .
Libre…
Belle soirée
Très intéressant. J’ai complété mes connaissances sur cette artiste si singulière.
merci Silvia
Magnifique, envoûtant passionnant!
L’exposition au Centre Georges Pompidou était un ravissement pour les yeux et une découverte de ma peintre adorée pour mon chéri ,adorée en tant que femme , son parcours , son amour pour son mari qui l’a trompée et qui l’a conduit à partir au Nouveau Mexique après une grosse dépression et ses peintures , si modernes pour son époque .
Libre…
Merci de votre fidélité sur le blog et instagram
Superbe exposé. Je ne suis que plus admirative de cette grande et sensible artiste.
Merci aux auteurs de cette publication.
Bravo Véro
merci Neusa
L’exposition au Centre Georges Pompidou en 2021 était pour moi un ravissement pour les yeux, et une découverte de ma peintre adorée pour mon chéri .
Adorée en tant que femme , son parcours , son amour pour son mari qui l’a trompée et qui l’a conduit à partir au Nouveau Mexique après une grosse dépression et ses peintures , si modernes pour son époque .
Libre…
vero
Certains de ses tableaux figuratifs me font penser à Dali. On sent la même époque…
Merci pour ce beau reportage, une belle découverte pour moi.
Merci Martine de ta visite sur notre blog.
Pionniere de l’art abstrait et tu as raison ces peintures d’os font penser à certaines toiles de Dali
Merci pour cet excellent reportage.