Lover, Banksy
Banksy, Shepard Fairey (Obey) et JR vous disent quelque chose ?
Vous avez envie de connaître leurs plus talentueux précurseurs ?
Aujourd’hui, le street art est sans conteste l’un des plus célèbres mouvements de l’art contemporain.
LeZ’ArTs vous emmène pour une balade artistique dans les rues, de New York à Paris.
NAISSANCE DU STREET ART A PHILADELPHIE DANS LES ANNEES 60
Le street art nait à Philadelphie aux États-Unis dans les années 60, sous l’impulsion des artistes Cornbread et Cool Earl. Mal vu durant plusieurs années, cet art consiste à taguer les murs, les transports en commun, les bâtiments… Illégal et éphémère, de par sa facilité à être recouvert, le street art a pourtant réussi à conquérir le cœur de nombreux artistes.
L’objectif est de faire de cet art accessible et visible par un grand nombre de personnes un moyen de communication et de faire bouger les esprits. Aujourd’hui, certaines œuvres peuvent valoir plusieurs millions d’euros et sont connues de tous.
Toutefois, on s’accorde à dire que le street art nait véritablement dans les années 1960 aux États-Unis. Le premier mouvement s’apparentant à l’art de rue est le « Graffiti writing » lancé par deux artistes de Philadelphie, Cornbread et Cool Earl. Souffrant d’une timidité monstre, Cornbread écrit inlassablement sur les murs de son école et de son quartier l’inscription « Cornbread Loves Cynthia ». Fou amoureux d’elle, il n’ose pas le lui dire en face ! Le street art se démocratise davantage lorsque le mot « graffiti » est inclus dans le dictionnaire de l’art brut, la reconnaissance prend forme !
ANNEES 1970, NEW-YORK
Une dizaine d’années plus tard, la tendance séduit New York qui voit naître de grands noms du street art : Taki 183 ou encore Blade One. Dans la rue, sur les trottoirs, les murs, les métros ou les surfaces publiques, tout est prétexte à créer et faire passer un message visible de tous. Graffiti, pochoir, posters, stickers, projections, il existe une multitude de techniques et de matériel pour que les artistes donnent vie à des chefs-d’œuvre de rue.
Les tags de Taki 183, sans conteste le plus célèbre des précurseurs, étaient visibles dans tout New York. Demetrius, de son vrai nom, est d’origine Grecque ; et 183 était le numéro de la rue où il vivait. Il travaillait comme coursier, c’est ce qui lui permit d’inscrire son nom partout pendant ses heures de travail.
NAISSANCE DU STREET ART EN FRANCE DANS LES ANNEES 60
Ernest Pignon-Ernest
Jumelage Nice/Le Cap, Nice 1974 – photo © Ernest Pignon-Ernest
Dès les années 1960, l’archéograffeur Ernest Pignon-Ernest, commence à interpeller les chalands depuis les murs de grandes villes françaises. Il affirme en images son engagement politique et, au fil des années, s’attaque à de sujets plus difficiles tels que l’avortement, la situation des expulsés, des réfugiés, des prisonniers ou des malades atteints du sida.
Expulsion, Ernest Pignon-Ernest
Le choix d’un lieu pour l’artiste n’est jamais le fruit du hasard, et cette réflexion compte autant que la réalisation finale.
Avec ses travaux, Ernest Pignon-Ernest dépeint le contexte réel des années 70, dans lequel il débute sa carrière d’artiste. Accessibles à chaque coin de rue, les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest symbolisent l’intérêt même de cet art si particulier : mettre en avant de façon universelle ce qui est habituellement caché. Ainsi il réalise des dessins souvent très réalistes et à taille humaine, afin d’ouvrir les yeux des passants. Les personnages réalisés au fusain ou à la pierre noire, interpellent par leur position face à la rue, tout en s’intégrant parfaitement aux murs.
Ses œuvres, à la fois réalistes et poétiques sont de parfaites illustrations du caractère éphémère de l’art urbain.
Pasolini – Dans l’infamie des temps, Ernest Pignon-Ernest
Jef Aérosol
Né à Nantes en 1957, Jef Aérosol est sans conteste l’un des artistes les plus célèbres du street art. En débutant avec des pochoirs dans les années 1980 , il fait partie des tous premiers en France à adopter cette nouvelle forme artistique, aux côtés de Miss.Tic ou encore Ernest Pignon Ernest.
Aujourd’hui, ses œuvres peuvent être vues dans les rues des métropoles du monde entier !
Parmi ses caractéristiques, on peut noter qu’il peint souvent des personnalités célèbres en noir et blanc, telles que Frida Kahlo, Jean-Michel Basquiat mais aussi Elvis Presley, les Beatles et d’autres musiciens ou chanteurs.
C’est un choix naturel pour celui dont la musique a été un moteur créatif !
Silence, place Stavinsky, Paris, Jef Aérosol
Son signe reconnaissable est également cette mystérieuse flèche rouge qui accompagne tous ses graffitis, dont on ne connaît pas encore l’explication précise…
Jef Aérosol met également un soin particulier à représenter ceux qu’il qualifie comme les « oubliés », c’est-à-dire les enfants et les sans-abris. Son pochoir Sitting Kid, aura d’ailleurs fait le tour du monde.
Sitting kid & butterflies, Jef Aérosol
LE TOURNANT DES ANNEES 80 A NEW-YORK
Keith Haring
Keith Haring, We Are the Youth (Philadelphie)
New York, ville berceau des street artistes, connait un tournant en 1980 . Le Maire interdit les graffitis dans la Grosse Pomme. Ce qui ne décourage pas deux artistes bien célèbres : Jean-Michel Basquiat et Keith Haring .
L’artiste militant Keith Haring (mort bien trop tôt en 1990) a marqué le monde du Pop Art et du street Art. C’est en effet un des premiers artistes à réaliser des fresques murales. Reconnaissable entre mille grâce à son style unique, il réalise « We the youth » en 1987 à Philadelphie. Il s’agit aujourd’hui de la seule œuvre murale de Keith Harring demeurée intacte sur son site d’origine.
Jean-Michel Basquiat
En janvier, je me suis assis à côté d’un homme masqué dans un train J de Brooklyn au centre-ville de Manhattan, où une manifestation politique avait lieu. Lorsque le train s’est arrêté à Fulton Street, l’homme s’est retourné et a écrit un message au stylo noir sur la vitre du wagon de métro : “Chaque acte est un acte de protestation.” Il disparut dans la foule sur le quai et sa proposition resta là, soudain sans auteur. Jean-Michel Basquiat.
Jean-Michel Basquiat était un graffeur New-Yorkais sans domicile fixe, surnommé SAMO.
Lady Pink
“Vote”, Lady Pink
Longtemps, le street art a été considéré comme un mouvement composé principalement d’hommes. En réalité, de nombreuses femmes artistes font partie de ce courant, dont Lady Pink, l’une des pionnières à New York en 1980 .
Née en Équateur, cette artiste a reconnu qu’il n’a pas été facile de se frayer un chemin parmi ce milieu très masculin. D’autant plus que les graffeurs exercent de manière illégale, le plus souvent dans des quartiers dangereux.
Faith in Women de Lady Pink, Minnesota
Spécialisée dans les tags, Lady Pink a rapidement imposé son style très coloré aux influences psychédéliques .
Ses œuvres sont facilement reconnaissables par leur profusion de couleurs très vives, la présence de personnages issus de la culture pop et leur dynamisme. Avec le temps et son passage en atelier, l’artiste a fait évoluer son style, ajoutant le figuratif à ses œuvres, mais en respectant toujours sa palette vive et rythmée.
LES ANNEES 80 EN FRANCE
Miss. Tic
Dès 1985, Miss. Tic investit les murs des quartiers de Ménilmontant, Montmartre, le Marais, Montorgueil, ou encore de la Butte-aux-Cailles.
Grâce à sa bombe aérosol et ses pochoirs , la jeune artiste se crée un univers pictural tout à fait inédit et poétique !
Aux coins des rues de Paris, Miss. Tic appose le pochoir d’une jeune femme, brune , toujours très charmante et sexy , en robes et vêtements noirs près du corps.
Cette femme brune, toujours dans une posture et dans des vêtements différents, est systématiquement accompagnée d’une phrase poétique.
Jérome Mesnager
Rue Bourret, Paris, Jérome Mesnager
Pionnier du street art en France, depuis 30 ans Jérôme Mesnager poursuit une démarche artistique entre officiel et subversion s’appropriant librement l’espace urbain pour le reconfigurer à sa mesure. S’il peint depuis l’âge de 14 ans, c’est en 1982 avec le groupe d‘intervention urbaine Zig Zag dans la savane qu’il investit les murs.
De Paris à New York, de Pondichéry à la Grande Muraille de Chine, la silhouette blanche créée en 1986 qui caractérise son œuvre, symbole de lumière, de paix, de liberté, célèbre la dynamique du vivant à travers le corps humain.
Rue de Ménilmontant, Jérome Mesnager
Jérôme Mesnager se souvient de la création de la silhouette de l’homme, cette figure devenue emblématique dont les traits sont proches de l’art naïf. « C’était le 16 janvier 1983, il était douze heure trente. Je me suis dit : c’est un des signes qui va faire ma vie. Si je l’ai su tout de suite, c’est que quand j’étais gamin, j’ai rencontré des peintres et je les ai écoutés. J’ai entendu qu’il fallait produire un signe qui nous ressemble, au plus proche de nous-même, capable justement de nous accompagner tout au long de la vie. La peinture sert à nous identifier, face aux milliards d’œuvres qu’il y a autour. A l’époque, j’avais déjà peint 500 ou 600 tableaux. Quand j’ai fait le corps blanc, j’ai compris que ça correspondait à ce que les vieux peintres m’avaient dit. Et que ce serait mon signe, suffisamment large de possibilité pour alimenter l’œuvre d’une vie, dans sa simplicité : un coup de pinceau avec du blanc. »
Rue Bourret, Paris, Jérome Mesnager
LES ANNEES 90
Rare mais plus qualitatif, c’est peut-être le virage à 180° qui s’est opéré dans le monde du street art depuis la fin des années 1990. De même que New York interdisait les graffitis sur les murs de la ville, c’est désormais la Mairie de Paris qui traque les graffeurs.
Des noms se distillent, à l’instar de Banksy, Invader, les frères Os Gemeos ou encore JR qui deviennent des figures reconnues et incontournables du street art. Un art qui, vu comme provocateur au départ, s’institutionnalise progressivement jusqu’à trouver sa place sur le marché de l’art contemporain.
Jean-René dit JR
Petit garçon, La Havane, Jean-René
On ne présente plus JR, ou Jean-René, l’un des plus célèbres artistes de la première génération d’art de rue français.
Son moyen de prédilection est la photographie , qu’il transpose ensuite sur les murs des villes du monde entier. Ayant grandi dans un milieu défavorisé, il lui tient à cœur de donner une visibilité toute particulière aux jeunes, notamment issus des banlieues. Ses photographies mettent principalement en avant des portraits d’inconnus , eux-mêmes vus par d’autres inconnus. Avec ses installations géantes exposées aux quatre coins du globe, il nous invite à nous questionner sur les frontières (ou non !) entre les différents milieux sociaux et religions.
Marseille, Jean-René
Rio de Janeiro, Jean-René
Shepard Fairey
American dreamers, Shepard Fairey
Vous avez probablement déjà croisé le sticker OBEY, que ce soit dans la rue ou encore sur des vêtements.
C’est la marque de fabrique de l’artiste Shepard Fairey, un Américain originaire de Caroline du Sud.
Avec ce sigle, il incite les passants à faire davantage attention au monde qui les entoure plutôt que de marcher dans l’indifférence. Il crée également des affiches de propagande , dans le but de promouvoir la paix, l’égalité et le respect des droits de l’homme.
Voting rights, Milwaukee, Shepard Fairey
Située Place Stravinsky, au coeur du 4ème arrondissement et du quartier des Halles, juste à côté du Centre Georges Pompidou et de la cathédrale Sainte-Merry, la nouvelle fresque de l’artiste s’étend à côté de celle déjà réalisée par le français Jef Aérosol.
OBEY nous offre une fresque intitulée “Knowledge + Action”.
L’artiste s’inspire de l’art nouveau en utilisant un message très actuel. Pour lui, l’apathie et l’ignorance ont favorisé un déclin de la civilité et de l’engagement civique de qualité, donnant naissance à des forces qui favorisent la peur, la division et le nationalisme. Il soutient l’importance de nous éduquer pour nous émanciper afin de prendre des mesures pour façonner l’avenir.
Sa fresque, dominée par le bleu, s’accorde à l’espace urbain parisien. La couleur fait écho à l’eau du bassin de la Fontaine Stravinsky, aux sculptures signées Nicky de Saint Phalle qui la composent, sans oublier les tuyaux de l’architecture du Centre Georges Pompidou.
Cette oeuvre représente deux femmes se tenant face à face de profil sur deux piles de livres. Symbole de connaissance et de savoir, c’est grâce à cela qu’elles peuvent se dresser fièrement et lutter ensembles, elles sont unis dans leurs postures avec les bras tendus l’une vers l’autre.
En son centre, une fleur de lotus se dessine, au-dessus d’une tige de barbelé, symbole de l’être négatif surmonté par le positif, une métaphore visuelle de l’espoir dans l’avenir non écrit.
OBEY nous expose, avec cette fresque, sa volonté à voir le monde contemporain évoluer positivement.
Au pied de cette fleur, un livre ouvert porte la mention “The Future is Unwritten” “ le futur n’est pas écrit”. En bas de l’oeuvre figure le texte : “Knowledge + action = power” “connaissance + action = pouvoir”.
Cette fresque fait référence au combat que mène l’artiste pour la sauvegarde de notre environnement. Elle fait référence également à la cause féministe et de façon plus générale au concept de justice sociale, de solidarité et de respect de chacun. Elle tend à redonner le pouvoir aux citoyens afin de démontrer que le futur est encore à écrire et que rien n’est figé, que notre liberté nous appartient, l’émancipation est entre nos mains. Ainsi elle signifie que par la connaissance combinée à l’action, nous avons le pouvoir de changer notre destinée commune et personnelle. Shepard Fairey est un artiste engagé qui prône la paix, l’égalité des genres, ainsi que la préservation de l’environnement.
Banksy
Hip Hop Rat, par Banksy, en hommage à Blek le Rat
Banksy est né en 1974 à Bristol, une ville du sud-ouest de l’Angleterre. Il commence à faire des graffitis dans les années 90. Entre 1992 et 1994, il rejoint le groupe de street-art Bristol’s DrybreadZ Crew (DBZ). C’est à ce moment qu’il est qualifié comme un artiste du mouvement “street-art“. Il graffe avec d’autres artistes comme Kato et Tes. Il se serait inspiré du pochoiriste français Blek le rat.
Mild Mild West – Fresque Murale, Bristol
Plusieurs œuvres de Banksy ont été peintes sur des murs de Bristol. La première authentifiée est “Mild Mild West“. Réalisée en 1998, on y voit un ours en peluche jeter un cocktail molotov sur des policiers anti-émeutes. On peut noter que le nom de l’artiste apparaît en bas de la peinture : Est-ce Banksy qui l’a signé ? Quelqu’un d’autre ? Quoi qu’il en soit, Banksy n’en signera plus aucune après celle-ci. Selon le site Hugh-Art, “The Mild Mild West” symboliserait les répressions policières contre les fêtes organisées dans des entrepôts abandonnés pendant les années 90.
C’est à partir de cette œuvre que le street artist bristolien commence à faire parler de lui. Ses œuvres interpellent les foules, les journalistes et les célébrités.
En conclusion, le street art est sûrement l’un des mouvements artistiques les plus libres. La variété des techniques utilisées, son aspect éphémère voire illégal, et l’aspect universel des messages portés le rend à la fascinant et complexe. Surtout, il propose une nouvelle vision de l’art, à la fois accessible et populaire, dont la rue est à la fois l’atelier et le musée. Considéré comme une révolution au début de sa création, il envahit aujourd’hui les plus célèbres institutions et maisons de vente.
Ces Affiches de Shepard Fairey peuvent être vues en parcourant l’immense exposition au Musée Guimet de Lyon, jusqu’au 9 juillet 2023.
Shepard Fairey alias Obey est considéré comme l’un des artistes urbains les plus influents du monde, et est une figure de proue en matière d’art urbain. Rendu éminemment célèbre il y a dix ans avec l’accession au pouvoir d’Obama, il a su imposer son style et ses couleurs sur les murs du monde entier.
Absolument génial…
J’y reviendrai…
Tellement d’infos qu’il faut revoir.
Bravo pour le boulot.
beaucoup de travail…mais nous nous devions être précis…Ravie que le site et cette publication te plaise
Merci Véro de nous enrichir avec ton travail. À voir et revoir. Surtout aussi à lire, car plein de découvertes sur ces artistes. Magnifique.
beaucoup de recherches certes mais heureuse de partager mon amour des arts et merci à Thierry pour la mise en page et traduction en anglais
Quelle belle rétrospective ! J’ai appris plein de choses et je regarderai ces magnifiques fresques ou ces mystérieux dessins de rue d’un tout autre oeil ! 😉
Bonjour Marina, ravie que cette promenade urbaine ait pu te plaire….
A voir et revoir…Toutes nos villes sont emplies de fresques magnifiques ….
Quel travail !
Bravo à maman pour ses recherches et textes et Thierry pour la mise en page…
Quel duo !
merci Pauline…du bonheur à partager
Merci pour ce superbe panorama qui donne envie de voyager pour voir en vrai !
Vive le street art !
bONJOUR Jacqueline tu peux te promener vers Darwin pour voir de belles fresques de street artistes magnifiques …
passionnant parcours qui incite à en retrouver certains dans les rues parisiennes
bravo à vous deux
Tout à fait Matis et toutes les villes …Merci de votre visite…Chaque nouvelle publication apparait dans notre story sur instagram lézarts33 ou Facebook.
Belle journée
Bravo Vero pour cette belle et enrichissante rétrospective . J’adore le street art
une autre série suivra avec les street artistes actuels dans le monde entier